(rédaction du 1.7.92)
21. L’ÉPOQUE CLASSIQUE
Lord George Goring, comte de Norwich 1583 - 1663
Avec son fils du même nom (voir paragraphe suivant), il vécut la grave crise politique causée par l'hostilité entre le roi Charles I , le Parlement et le peuple d'Angleterre et d’Écosse. Persuadé qu'il était roi de droit divin, Charles oubliait qu'il régnait sur le seul pays possédant de solides traditions parlementaires depuis la Grande Charte de 1215. Son action politique avait été très maladroite. Battu par Richelieu, vaincu par ses sujets écossais presbytériens auxquels il avait voulu imposer le rituel anglican, privé de subsides par un Parlement hostile, le roi s'était rendu tellement impopulaire que les marchands firent la grève du commerce pendant six mois pour le priver de ses taxes sur le chiffre d'affaires: “tunnage & poundage tax”. Sans argent et en butte à l'hostilité d'une grande partie de ses sujets, il dut rappeler le Parlement en 1640. Les élections amenèrent une majorité de propriétaires terriens, religieux, graves et cultivés. Ils savaient fort bien ce qu'ils voulaient et davantage encore ce qu'ils ne voulaient pas. Ce furent aussi des “révolutionnaires réfléchis”, un curieux mélange que seule l'Angleterre était capable de produire. Le roi menait double jeu. Pendant qu'il confirmait les lois votées par le Parlement, il conspirait contre elles. Le 3 janvier 1642, il tenta un coup de force aux communes en arrêtant ses principaux opposants, qui prévenus à temps avaient pu s'échapper.
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Cette maladresse divisa les Anglais en deux camps, les “cavaliers”, partisans du roi, et les “têtes rondes” ainsi nommés d'après leur crane rasé de puritain, qui lui étaient hostiles. Tout était en place pour la guerre civile. Elle débuta le 23 septembre 1642 près de Worcester. Dès de début, Lord George Goring avait pris avec son fils le parti du roi. Ils étaient présents à la bataille de Marston Moor qui vit la première victoire du Parlement sur les troupes royales. Les royaux se mirent en marche en mai 1645. Charles et le prince Rupert se dirigèrent vers le nord, pendant que Lord Goring faisait route vers l'ouest pour attaquer Fairfax , mais leurs actions n'eurent que peu de succès. Goring ne réussit pas à contenir les armées du Parlement et Fairfax put rejoindre Cromwell près d'Oxford. Éloigné du roi, il ne put le rejoindre à temps si bien que Cromwell et Fairfax, qui disposaient de 14.000 hommes contre les 7.000 soldats du roi, le vainquirent à Naseby le 14 juin 1645. De son coté, Goring avait été vaincu à Langport le 10 juillet. En mauvaise position, le roi ordonna à Goring de rassembler toutes les forces disponibles qui se trouvaient encore à l'ouest et de marcher sur Bristol pour la délivrer alors que lui même traverserait la Severn près de Gloucester avec la cavalerie et l'infanterie. Après la chute de Bristol le 11 septembre, le plan n'avait plus de raison d'être. Le roi était vaincu.
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Goring essaya en vain d'obtenir les secours de la France lors des négociations de 1645-1654, arguant que la reine Henriette était soeur de Louis XIII et que la France avait tout à craindre de l'union du Parlement anglais avec l'armée de Cromwell. C'était trop tard, le roi s'étant rendu aux Écossais. La seconde guerre civile se déroula alors que le roi, prisonnier des Écossais avait été cédé au Parlement et passait une détention, d'ailleurs fort agréable dans un château bien gardé quand les conditions changèrent brusquement en décembre. Il fut transféré à Hurst, puis à Windsor et enfin à Whitehall avant d'être mis en accusation en janvier 1645, condamné le 27 et exécuté le 30 du même mois. Goring avait tenté de marcher sur Londres, mais fut vaincu et capturé. Il échappa de peu à l'exécution et, en 1651, rejoignit le nouveau roi Charles II en exil. Il reviendra avec lui en mai 1660 en Angleterre et mourra à Brentford en 1663.
François Guérin, controversiste protestant 1595? - 1682
Il est le petit fils du premier François de Dronero que nous avons vu au chapitre 18. Né à Mentoulles, il s'inscrivit à la faculté de théologie le 2 mars 1605 et prit part au colloque de Pragelas le 16 août 1612. Ses études terminées, on l'envoie à Pravilerme (?), mais la peste y ayant fait son apparition en 1630, notre homme s'était réfugié à La Plaine en Champsaur puis à Saint-Bonnet , sur l'autre versant des Alpes avant de revenir à Bobi en 1631. C'est là qu'il écrivit son premier traité: “Le laict des chrétiens ou examen familier de plusieurs des principaux points de doctrine orthodoxe recueillis par Fr; Guérin, ministre de Jésus-Christ en l’église de Bobi en Piémont” qui fut édité à Genève en 1636. Il en prépara un supplément en 1639 qui contenait 134 autres pages. Il écrivit aussi “Le berger chrétien ou considérations sur le saint ministère de la parole de Dieu, pour l’usage notamment des étudiants en théologie” qui parut à Bobbio le 20 avril 1640. Ensuite paraissaient à Bobi en 1641, puis à Genève en 1642, une étude de 240 pages “de la régénération contre les corruptions de ces temps”, un sujet brûlant de toutes les époques. toutes d’ailleurs partant du principe que tout allait beaucoup mieux autrefois Il étudia les écritures comme un vrai historien: “le pèlerinage chrétien ou instructions pour l’histoire du passage d’Israël par le désert, contenue au livre des Nombres”, édité à Bobi en 1643 puis à Genève en 1645.
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Ce sera sa dernière oeuvre au Piémont. Il eut de sérieux démêlés avec les moines de la Contre Réforme et fut même condamné à mort en 1643. Il avait heureusement fui à temps à Veynes en Dauphiné et ne fut exécuté qu'en effigie. Exclu de l'amnistie décrétée le 2 juin 1653 par le duc de Savoie, il demeura à Roure entre 1653 et 1674. Il y continua à écrire “La charge du sanctuaire” préfacée par Benjamin Clément en 1661, puis une “table d’erreurs et contradictions tirées des divers docteurs de l’église romaine” éditée à Grenoble en 1665 et enfin le “tableau du jugement dernier” sans date. Il ne revint à Bobbio qu'en 1680 où il mourut à une date inconnue, mais avant 1683, sa veuve, Anne Tholozan étant citée comme telle à Balme
BIBLIOGRAPHIE: Georges Tourn: “Les Vaudois, étonnante aventure d’un peuple-église” Turin 1980 - Theo Kiefner: “Die Valdeser auf ihrem Weg aus dem val Cluson durch die Schweiz nach Deutschland 1532-1755” Göttingen -
Pierre Guérin et les Guérinettes 1596 - 1634
Il est né à Roye en Picardie le 15 novembre 1596. Curé de Saint Georges de Roye, avec Claude Bucquet, ils avaient formé le projet de s'occuper de l'éducation des filles tout en la confiant à des femmes. Le 4 août 1625, ils ouvraient enfin une école des filles qui est à l'origine des “Filles de la croix”. Il reconnaissait ainsi aux femmes le droit d'enseigner, et aux supérieures de leur communauté celui de diriger leurs soeurs en respectant les autorités ecclésiastiques. Il n'y avait en cela rien de révolutionnaire. On n'en était plus au temps où de doctes prélats imbéciles discutaient gravement si la femme avait une âme ou non. On comprend que Guérin se soit heurté aux préjugés anti féministes solidement établis. Ses ennemis firent le rapprochement avec les “alumbrados” ou illuminés d'Espagne qui avaient eu à peu près les mêmes idées et avaient été condamnés en 1624 par le peu chrétien et rétrograde évêque de Seville. Aux maîtresses d'école qualifiées de “Guérinettes”, on reprochait de trop s'émanciper et de rejeter la tutelle masculine ancestrale. Elles n'y sont encore qu'imparfaitement parvenues.
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Richelieu intervint personnellement dans l'affaire, fit enfermer Guérin et les deux frères Bucquet à l'officialité d'Amiens, puis à la Bastille avant que les interrogatoires ne révèlent aucune hérésie. Bien au contraire Saint Vincent de Paul les innocenta totalement à la suite de quoi les inculpés furent relâchés le 15 octobre 1630. Les Guérinettes en profitèrent pour faire examiner par la Sorbonne leur manière d'enseigner. Là aussi leurs méthodes furent déclarées inattaquables. Guérin en profita pour faire paraître en 1632 .“La sainte économie de la famille de Jésus” Les préjugés anti féministes étaient si ancrés dans les esprits, que Richelieu fit encore enfermer les Guérinets et les Guérinettes à l'automne 1634 et les fit comparaître devant un tribunal ecclésiastique qui les relâcha en 1635. L'invasion espagnole entraîna la prise de Roye le 6 août 1636. Guérin, les frères Bucquet et les Guérinettes se réfugièrent à Paris et ne furent plus jamais inquiétés. Les Filles de la Croix s'installèrent à Brie Comte Robert. Pierre Guérin fut nommé prêtre à Saint Gervais de Paris et ouvrit une école au 12. rue des Barres, qu'il confia aux Guérinettes en 1644. Cet homme éminemment respectable mourut à Paris le 10 juin 1654.
BIBLIOGRAPHIE: E.Soyez: “Notice sur les événements d’Amiens” 1878 p.206-207 - C.Bernardin: “Histoire des filles de la Croix de Brie Comte Robert” Melun 1877 - Corblet: “Guérin et les illuminés de Picardie” dans "Congrès scientifique de France" 1867 p.512-524 -
Baron George Goring 1608 - 1657
Fils du précédent, tout jeune encore, il avait gagné l'amitié de la reine d'Angleterre Henriette, qui recevait dans ses demeures de Greenwich et Sommerset House pendant que Charles I passait souvent plusieurs semaines consécutives à la chasse. Les petits potins de la cour relatent qu'en juillet 1634, George fit la course en bateau avec la reine allant rendre visite à la duchesse de Buckingham . Il fut comme son père et avec son père, partisan du roi pendant la guerre civile. Il battit Fairfax à Leeds en 1643 et participa à la bataille de Marston Moor le 2 juillet 1644 où il fut battu par Cromwell. Il passa alors au service de l'Espagne et mourut à Madrid en 1657.
Giovanni Francesco Guarini, peintre
Il était peintre à l'école romaine de Fossombrone, près d'Urbino dans la première moitié du dix septième siècle. Il prit exemple sur Michel Ange et le Carravage. On a de lui le “Songe de Saint-Joseph” de l'église des Philippins à Fano, une “vie de Charles Borromée” et à Fossombrone .“Saint Irénée pansant les blessures de Saint Sébastien”
Guyon Guérin de Bouscal, auteur dramatique
Originaire du Languedoc et fils de notaire, il vivait dans la première moitié du dix septième siècle, d'abord conseiller du roi puis avocat en son conseil. On a de lui quelques pièces publiées entre 1635 et 1647, d'abord une pastorale: “Doranise” tirée d'un sujet banal, elle eut peu de succès. Il se lança alors dans la tragédie avec l'“Amant libéral” joué au théâtre du Marais en 1636, puis la “mort de Brutus et Porcus”, tragédie jouée en février 1637 dans laquelle il compare les mérites respectifs des régimes républicains et monarchistes. Cette tragédie inspirera .“Cinna” Mais il se distingua vraiment en tirant une comédie de l'oeuvre de Cervantès: “Le gouvernement de Sancho Pança” qu'il fit éditer en deux parties en 1639-1640. Son biographe Lancaster la juge la plus belle de ses oeuvres. Molière s'en inspirera à son tour dans “don Quichote et les enchantements de Merlin” en 1660
BIBLIOGRAPHIE: Chaudon & Delandine: “Dictionnaire historique” - Lancaster: “A history of French litterature in the XVII° century” Baltimore 1929-1942 -
Thomasso Guerino, mathématicien
Il est né à Milan à une date inconnue d'une famille sans fortune et débuta dans la vie comme simple hallebardier. Cela ne l'empêcha pas d'étudier les mathématiques. Entre 1663 et 1668, il fit paraître plusieurs ouvrages de mathématiques pratiques. Le premier est “Euclide in campagna”, un ouvrage d'arpentage, suivi de “Tavole gnomoniche”. Puis parurent d'autres traités, un de géométrie: “Trattato di geometria”, un autre sur la mensuration à distance: “Trattato di stereometria”, enfin le dernier:“Trattato di geodesia” . Nous ignorons quand et où il mourut.
BIBLIOGRAPHIE: Biblioteca Universale ed. Venise - Firmin Didot “Nouvelle biographie générale”
Gilles Guérin, sculpteur 1606 - 1678
Il est né en 1606 à Paris, à l'hospice des Quinze-Vingt, dont son père aveugle était pensionnaire. Il étudia sous la direction de Nicolas Lebrun. Le comte de Cheverny lui fit faire une vingtaine de statues pour son château. De retour à Paris en 1639, il travailla au Louvre sur les dessins de Jacques Sarazin où il exécuta les deux “groupe de caryatides” et la “Renommée”. Il travailla en l'église actuellement démolie de Saint Germain le vieux dans la cité. En 1646, il sculpta le tombeau d'Henri de Bourbon, prince de Condé à Vallery (89) puis un retable représentant le Christ sortant du tombeau pour l'église de Conches.
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L'académie royale de peinture et sculpture ayant été fondée le 1 février 1648, Gilles y fut reçu le 7 mars où il est cité comme officier de la maison du roi. Vers 1650, il fit le jubé de l'église de Soissons, puis une statue de Louis XIV, commandée par le prévôt des marchands de Paris. Elle fut placée en juin 1654 dans la cour de l'hôtel de ville, mais a été remplacée depuis. A cette même époque, il exécuté le mausolée de Charles de Vieilleville et de son épouse. Cette oeuvre est maintenant au Louvre. Les travaux du château de Versailles lui donnèrent l'occasion de manifester ses talents dans l'ensemble des “chevaux du soleil abreuvés par les tritons” dans l'ancienne grotte de Thétys et décora l'actuelle salle de la colonnade, à l'époque chambre du roi. Il y sculpta l'encadrement de l'alcôve et le bas-relief au dessus de la cheminée. A la demande de la ville de Paris, il exécuta le “Louis XIV terrassant la discorde”, une allusion à la Fronde, actuellement au musée de Chantilly. Il meurt à Paris le 26 février 1678.
BIBLIOGRAPHIE: E. Vaudon: “Gilles Guérin” 1880 -
Camillo Guarini, bâtisseur de Turin 1624 - 1683
Il est originaire de Modène où il est né en 1624. A dix sept ans, il entre dans la vie religieuse à Rome. Beaucoup plus imaginatif et actif que la moyenne, il avait étudié pratiquement toutes les sciences et adonné à tous les arts, ce qui était encore possible à l'époque. Il professa la littérature et la philosophie à Messine et se lança dans l'architecture, qui sera sa passion. Il avait étudié Vitruve, Alberti, le Palladio et Vignole, les maîtres les plus prestigieux pour un élève architecte. Mais il allai bien au delà de leur enseignement. Il avait acquis une telle réputation que le duc de Savoie, Charles Emmanuel le fit venir à Turin en 1668 et le nomma son architecte, son lecteur en théologie et en mathématiques. Il ne cessera jamais de le combler des témoignages de son estime et de sa bienveillance. En architecture, Guarini suivait le style de Borromini , l'un des précurseurs du style rococo . La capitale du duché ayant été transférée de Chambéry à Turin en 1562, les organes du gouvernement s'y étaient peu à peu transportés et la ville s'était développée selon un plan en damier. Par contre, elle manquait à la fois de bâtiments et de majesté. Guarini y emploiera son génie.
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A la cathédrale Saint Jean, il ajouta la chapelle du Saint Suaire. Il fit construire la chapelle royale, la Porte du Pô, le collège des nobles, le palais du prince Philibert en 1658. Il conçut les décorations baroques sur la façade du palais Carignano en 1680. Il est l'auteur du palais Ricconigi, construisit l'église Saint Laurent des Théatins en 1687, et celle de Saint Philippe de Neri. Il fit de même les plans de la citadelle et ceux de l'actuel palais de l'Académie des sciences qui abrite trois musées, celui des antiquités, la galerie Sabauda et le musée égyptien, l'un des plus riches du monde.
Même en dehors de Turin, la liste de ses réalisations est impressionnante. A Modène, sa ville natale, il construisit l'église Saint Vincent, le couvent des Théatins et fit le plan des fortifications, à Vérone, le tabernacle de Saint Nicolas, à Vicence, l'église San Gaetano, à Messine, le couvent des Somasques . Il travailla aussi à l'étranger. Il fit l'église Sainte Marie d'Etting à Prague, celle de Sainte Marie de la Providence à Lisbonne, celle de Sainte Anne la Royale et la maison des Théatins à Paris.
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Non content d'être un grand architecte, Guarini fut un écrivain prolixe. A Messine, il édita en 1660: “La piéta triomfante, tragi-comedia morale”, puis en 1665 à Paris: “Placita philosophica”. Il s'y attaquait spirituellement aux méthodes d'éducation en usage. Sa troisième oeuvre est “Euclides adauctus et methodicus” éditée à Turin en 1671 et 1676 que suivirent des ouvrages de vulgarisation: “Modo di misurare le fabbriche” (Turin 1676), puis “Compendio delle sfere celeste” (Turin 1675) où il se piquait d'astronomie, et “Trattato di fortificazione” (Turin 16676). En 1678, il sortait ce titre un peu long: “Loges temporal et plantaire, qui bus civilis. et astronomique temporisa lapsus, prime mobilisa et erratum de cursus ordinateur et in tabulas digesteur as latitudinal Tardenoisienne”, puis en 1683:“Cæsiums mathématicien” , en 1686 à Turin: “Segni d’architecture” Son dernier ouvrage édité en 1737 après sa mort, a pour titre “Architecture civile divisa en cirque trattoria optera posture”. C'est un recueil des principaux bâtiments qu'il avait construits Guarini est mort à Milan le 6 mars 1683 à 59 ans dans toute la force de son génie.
BIBLIOGRAPHIE: Cicognani: “Historia delta culture” - Milice: Membre degré architecture antichar e moderne” - Ticson: “Dizzionario” - Quatremère de Quincy: “Vie des plus célèbres architectes” - Du laure: “Histoire de Paris” - G.Stefani & D.Mondo: “Torino e i suoi dintorni” -
Jean Guérin, colon aux Antilles
Il est le seul Guérin faisant partie des 181 familles parties de France entre 1635 et 1700 pour la Martinique. Lui même était né à Coutances en 1637. Il est probablement l'ancêtre d'un autre Guérin qui possédait une distillerie de rhum au flanc de la Montagne Pelée où eut lieu l'éruption du 8 mai 1902.
BIBLIOGRAPHIE: Jacques Petitjean-Roger & E.Bruneau-Latouche: “Personnes et familles à la Martinique au XVIIème siècle d’après les recensements et terriers nominatifs” dans "Société d'Histoire et de Martinique" Fort de France 1983.
Isaac-François d'Estriché, comédien 1636 - 1728
Il était fils de Charles Guérin, lui même comédien, et de Françoise d'Estriché de Brandane. Comédien à Lyon en 1658, puis à Chambéry en 1659, il joue à Turin en 1671 avec Judith Guiot dont il est l'amant. Il entra avec elle en 1672 au Théâtre du Marais, puis en 1674 dans la troupe que Molière dirigea jusqu'à sa mort l'année précédente. Les deux troupes de Molière et du Marais ayant fusionné pour constituer la Troupe du Roi, les représentations se firent alors à l'hôtel Guénégaud. Quelques années plus tard, ayant abandonné Judith, Guérin épousa Armande Béjard le 29 mai 1677 à la Sainte Chapelle basse de Paris. Il est toujours délicat d'épouser la veuve d'un grand homme si l'on ne possède pas le même génie. Disons que ses avantages étaient d'une autre nature, comme le fait comprendre le quatrain suivant:
La Grâce et les ris règnent sur son visage Elle a l'air tout charmant et l'esprit tout de feu Elle avait un mari d'esprit qu'elle aimait peu Elle en prit un de chair qu'elle aima davantage
Sans s'occuper des inévitables commérages, et peut être en raison des mauvaises langues, Guérin emmena aussitôt son épouse en tournée théâtrale dans les Pays-Bas espagnols, alors en guerre avec la France. Ce léger détail n'embarrassant personne, ils y furent reçus avec enthousiasme. Il joua jusqu'au 29 juillet 1717 au moment d'entrer en scène pour jouer “Heraclius” lorsqu'il eut une attaque de paralysie. Il est mort à Paris le 28 janvier 1728. Ils avaient eu un fils dont on parle au prochain paragraphe.
BIBLIOGRAPHIE: A. de Leris; “Dictionnaire portatif....des théâtres” 1763 -
Nicolas Armand Guérin 1678 - 1708
Fils du précédent, il est né à Paris en 1678. De santé délicate, il accompagna son précepteur, fraîchement nommé curé de Foucherolles . Le sort fait souvent bien les choses. Venu pour soigner sa santé, il y rencontra Jeanne Guignard, la nièce du curé qui fut pour lui une infirmière attentionnée. Comme elle était à son goût et qu'elle même s'était intéressée beaucoup plus à l'homme qu'au malade, ce qui devait arriver arriva. Ce fut une passion partagée qui les conduisit au mariage le 2 mai 1707. Ce sympathies dénouement lui fournit le scénario de son oeuvre “Psyché de village” Il termina la pastorale “Melicerte” laissée inachevée par Molière, écrivit en sus “Myrtil et Melicerte”, pastorale héroïque, qui en est le complément, jouée avec succès au Théâtre Français le 10 janvier 1699. Il meurt de la poitrine le 10 avril 1708.
Antoine Guérin, pasteur
Il fit ses études de théologie à l'Université de Sedan. On a conservé ses quatorze thèses “descripturae plenitudine et sufficiente” qui furent publiées à Londres en 1675 dans "Thesea Theologicae". Pasteur à la Ferté-Vidame (28) il sera muté à Fontainebleau en 1676 où il siégera avec l'ancien Jean de Beringhem. Il participe au Synode provincial de Charenton le 27 avril 1679, puis à Lizy sur Ourcq (77) en septembre 1682. Malgré l'Edit de Nantes, la liberté de conscience n'existait pratiquement plus. Il était interdit de construire des temples dans les villes et à proximité des châteaux royaux. C'est pourquoi le temple de Paris était à Charenton et celui de Fontainebleau à Bois le Roi. Les persécutions s'étaient amplifiées. Un arrêt du Conseil d’État en date du 6 juillet 1682, signé par le roi, ordonnant la démolition du temple de Bois le Roi fut signifié à Antoine Guérin et affiché sur la porte. L'arrêt précisait même que cette démolition devrait être menée “par lesdits de la R.P.R.” dans le mois qui suivait la signification. La démolition fut faite le mardi 11 août 1682 en présence du curé Claude Martin qui relata cette peu glorieuse entreprise dans son registre paroissial.
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Antoine se réfugia aux Provinces Unies où il retrouva ses coreligionnaires persécutés. Ils y avaient constitué une chaîne d'églises wallonnes, de langue française, qui existent encore aux Pays-Bas. Il participa au synode de Gouda le 26 août 1682 et au synode des églises wallonnes le 28 avril 1683 à Haarlem, qui lui rendit hommage: “le rendant témoignage à Mons. Guérin, ci devant pasteur en France, qui nous a fort édifiés par sa bonne et exemplaire vie et par ses prédications”. Il assiste au Consistoire du 17 septembre 1684. C'est à cette occasion qu'on lui confia la place laissée vacante par la mort du pasteur de Leyde. Les archives de Leyde font état de la naissance des trois enfants qu'il eut de sa femme Anne Meynard, Nicolas (16.3.1685), Jacob (15.8.1687) et Charlotte (4.1.1669). Mais 1699 fut l'année des disparitions, d'abord sa femme inhumée dans la Vrouwenkerk en février, Antoine en mai.
BIBLIOGRAPHIE: France Protestante.
FIN DE CHAPITRE
Date de création : 16/07/2007 @ 18:22
Dernière modification : 19/02/2013 @ 14:09
Catégorie : Histoire des Guérin
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