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Histoire des Guérin - 23 - Les Guérin de Tencin

(rédaction 1.7.92)




23. LA FAMILLE DE TENCIN





Le lignage débute par un Pierre Guérin. C'était certainement un homme ambitieux et entreprenant. Simple colporteur rural, il s'était installé comme joaillier et changeur à Romans en 1520. Ayant fait fortune, il avait acquis les terres de Monteux en 1533 et prévoyait que ses descendants devraient parvenir beaucoup plus loin encore que lui même dans l'échelle sociale. Nous commencerons donc par son fils.


Antoine GUÉRIN de Tencin, juge à Romans


Pierre poussa son fils Antoine dans la magistrature et lui fit faire ses études de droit. Ce dernier, en quittant l'Université de Valence, obtint la charge de lieutenant de police à Romans vers 1539. Il lui fit épouser une demoiselle Garagnol, la fille du juge royal à Romans, une alliance qui devait normalement le faire entrer dans la noblesse de robe du Dauphiné. Comme on pouvait le prévoir, Antoine succéda tout naturellement à son beau-père dans sa charge de juge royal en 1562.
Comme il avait acquis entre-temps la terre de Tencin , il avait pris tout naturellement le nom de Guérin de Tencin et s'était choisi des armes:«d’or au pommier de sinople au chef de gueules chargé d’une étoile d’or côtoyée par deux besants d’argent» . Il ne lui restait qu'à obtenir la noblesse. Ce sera bientôt fait.

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Catholique fervent, il se trouva mêlé aux guerres de religion. Déjà en janvier 1562, il s'était appliqué à apaiser les différents entre le lieutenant général La Motte-Gondrin et six cents protestants qui l'avaient assiégé chez lui. En 1553, le Maréchal de Vieilleville l'avait chargé d'enquêter sur les pillages des églises et hôpitaux de Romans. Connu et estimé pour son tempérament conciliant, on le prenait souvent pour arbitre. Il n'avait pas hésité, lors de l'élection des nouveaux consuls de Romans, à déclarer qu'il ne fallait pas .«s’arréter à la diversité des religions»
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Notre personnage fut l'un des acteurs d'une tragédie qui eut lieu entre 1579 et 1580. En 1579, les paysans s'étaient révoltés sous la direction du drapier Jean Serve, dit Le Pommier. C'était le genre de personnage qu'on trouve à toutes les époques, prenant la tête des mécontents et exprimant leurs revendications d'un ton souvent outrancier. Faute d'être entendus , ils complotaient un massacre des bourgeois de Romans pour la Saint-Blaise 1580.
Chargé du maintien de l'ordre, Antoine Guérin réussit à contenir les troubles. Il organisa à son tour un complot au cours duquel Pommier fut tué. Les troupes royales venues de Grenoble chassèrent les paysans de Romans le lendemain.
Comme il possédait à la fois un tempérament organisé et méticuleux, Antoine fit un récit des événements sous le titre de «la guerre des paysans en Dauphiné de 1579 à 1580» Mais de plus, une fois l'affaire terminée, la population de Romans lui vota le 6 mai 1580 une gratification de 50 écus et fit connaître au roi la conduite de notre personnage et des termes si élogieux qu'il lui délivra des lettres de noblesse le 3 octobre 1585.
En 1587, Guérin se heurta au comte de la Roche qui prétendait s'enrichir sur le dos des habitants de Romans en voulant leur faire régler la construction d'une citadelle. Son action lui valut d'être exilé et Guérin ne put revenir à Romans que grâce aux suppliques de ses anciens administrés.
Il est mort probablement en 1596, son fils Henri-Antoine l'ayant remplacé dans ses fonctions en cette même année. Celui-ci sera conseiller au Parlement de Grenoble de 1637 à 1674.

BIBLIOGRAPHIE: «Anales de la ville de Romans» 1875 p. 47-100 - Leroy-Ladurie: «Le carnaval de Romans» Gallimard 1979.- Ch. de Coynart: «Les Guérin de Tencin» Paris 1910, chapitre Ier.


Pierre Guérin de Tencin, archevêque
1680-1758


Né à Grenoble le 22 août 1680, il était l'un des cinq enfants d'Antoine Guérin de Tencin (-1706) Président du Conseil supérieur de Chambéry et de Louise de Budevant. Son aïeul avait été receveur des finances, puis premier président au sénat de Savoie à Chambéry, alors occupée par les armées françaises. Pierre entra très tôt dans les ordres, obtint sa licence en Sorbonne et, Prieur des Oratoriens, reçut le titre de docteur.

A la même époque, sa jeune soeur dont nous parlerons plus loin, quittait le couvent pour la cour, où elle ne se fit pas spécialement remarquer par une piété ni une retenue qui n'auraient de toutes façons pas été appréciées. Elle sera en grande partie l'agent de sa fortune.
Elle le fera nommer Archidiacre de Sens en 1705 et lui procurera l'abbaye de . En fin 1719, Pierre Guérin reçut en personne à Melun l'abjuration du banquier Law, un des amants de sa soeur qui l'avait auparavant présenté au Régent, un de ses autres amants. Le fait favorisa tout d'abord sa fortune avant que la chute de Law en 1720 fasse rejaillir sur Pierre un discrédit supplémentaire dont il se serait bien passé. Mais l'époque n'était pas très regardante et en avait vu bien d'autres car il obtint le siège épiscopal de Grenoble.

Il accompagna à Rome le cardinal de Rohan en 1721 qui lui fit obtenir la mission de chargé d'affaires pour la France auprès du Saint-Siège. Nouvel archevêque d'Embrun, le pape le sacra à Rome le 2 juillet 1724.



Dès son retour en France, il se trouva confronté avec un problème dont il se serait passé volontiers. Les passions s'étaient emparées de la bulle «Unigenitus Dei filius» promulguée le 8 septembre 1713 par le pape Clément IX. Il y condamnait cent une propositions de l'Oratorien Quesnel qui avait repris les principes de Jansénius. Peut être que le pape avait décidé un peu vite, car le cardinal de Noailles, évêque de Paris et plusieurs autres évêques français refusèrent d'en tenir compte sans avoir préalablement obtenu d'autres explications.
Ce fut l'origine d'une véritable guerre religieuse entre d'une part, les Jansénistes du clergé et du Parlement et les Jésuites d'autre part. Elle ira si loin qu'en 1752, Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, interdira la communion à ceux qui ne présenteraient pas un billet de confession attestant que l'intéressé obéissait à la bulle Unigenitus. Les passions ne s'apaiseront qu'à la veille de la Révolution.
L'affaire était d'autant plus controversée que l'opinion publique était parvenue à obtenir enfin un minimum de libertés. Elle ne se gênait plus pour critiquer ouvertement les décisions d'en haut, si bien que quarante avocats, soutenus par le Parlement avaient pu ouvertement de réunir pour faire réviser l'application de la bulle dans le royaume.

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Soanen , titulaire du minuscule évêché de Senez avait été l'élève de Quesnel. Il avait donc combattu la bulle Unigenitus et avait été en 1717 l'un des quatre évêques a avoir demandé la réunion d'un concile général pour débattre de l'affaire. Il avait renouvelé son appel en 1720 et 1723 en provoquant d'interminables polémiques.
Guérin rassembla le Concile d'Embrun le 16 août 1727, fit déposer Soanen et nomma un administrateur à sa place avant qu'une lettre de cachet du 30 septembre n'exile Soanen à l'abbaye de la Chaise-Dieu. Bien qu'il ait eu de son côté une trentaine d'évêques, partisan des décisions du concile, Guérin avait envoyé six lettres l'une après l'autre à Soanen pour justifier ses décisions et sa conduite et l'inciter à se soumettre de bonne grâce.
C'était ce qu'il ne fallait pas faire. Cette faiblesse fut autant combattue d'un bord que de l'autre et lui valut des pamphlets, des chansons, des injures et nombre de plaisanteries peu aimables.

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Soutenu par le roi, le pape et Jacques III, prétendant au trône d'Angleterre, Guérin fut nommé cardinal le 23 février 1739 et assista au conclave de 1740 qui lui procura l'archevêché de Lyon. Le cardinal de Fleury , reconnaissant ses profonds talents de courtisan, le nomma ministre d’État en 1742, mais Guérin perdit son crédit à la mort de Fleury l'année suivante.
Avec Maurepas, Guérin fut l'un des instigateurs de l'expédition qui débarqua en Écosse en 1744 pour remettre les Stuarts sur le trône. On sait comment elle échoua. Le prétendant réussit à se maintenir pendant deux ans mais fut finalement écrasé à Culloden. C'en était fini de l'indépendance écossaise.



En mai 1751, notre personnage se retira de la cour et de la vie politique qui lui avaient causé bien des déboires. L'âge avait assagi le cynique corrompu à la réputation détestable. Il se retira dans son diocèse de Lyon et y passa le reste de ses jours à faire le bien et distribuer d'abondantes aumônes. Il mourut le 2 mars 1758.


Claudine-Alexandrine Guérin du Tencin
1681-1749


Née à Grenoble en 1681, elle était la jeune soeur du personnage dont il a été question ci avant. Sa famille la plaça à seize ans religieuse au couvert des Augustines de Montfleury près de Grenoble. Il ne lui manquait que la vocation car son amour allait davantage aux hommes qu'à Dieu et ses galants accouraient l'un après l'autre pour lui tenir compagnie pendant la nuit.
C'était pour elle un cas de conscience dont elle fit fort dévotement part à son confesseur en lui avouant qu'elle n'aimait pas Dieu autant que lui et qu'il pouvait comprendre l'allusion comme il l'entendait. Éclairé par cette sincère confession sans détours inutiles, il lui avoua qu'il en pensait tout autant de son coté et que ce n'était pas prendre l'amour de Dieu que de partager celui de ses créatures. On devine la suite.
C'était quand même beaucoup pour une religieuse. Elle demanda et obtient qu'on la mute comme chanoinesse au chapitre de Neuville près de Lyon. La règle y était encore beaucoup plus relâchée. Elle y recevait qui elle voulait, ne s'en privait pas le moins du monde et eut deux grossesses, mais on n'en vit jamais le résultat.

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Il lui fallait un théâtre d'actions beaucoup plus mondain. Elle quitta Neuville pour Paris où la fortune l'attendait. Jeune, belle, intelligente et spirituelle, elle n'avait pas plus de scrupules que ses contemporains en une société où les filles étaient fort peu vierges et où la liberté des moeurs ne portait pas à conséquence. C'était une manière de libération de la femme avant la lettre. Claudine brillait à la cour du Régent lorsqu'elle lui demanda une audience qui se prolongea fort avant sur l'oreiller. Fort généreuse de ses charmes dont elle ne voulait priver personne, elle les sépara aussi avec Dubois , dont elle fit un cardinal et un premier Ministre. Les chemins de la réussite sont multiples.
Claudine s'était entourée de relations aussi utiles qu'agréables. Ses amants étaient aussi nombreux que puissants. Citons parmi eux, Richelieu d'Argenson , Bolingbroke, le maréchal d'Uxel, la Fresnaie, mais aussi beaucoup d'hommes d’Église sans tenir compte d'hommes de lettres et d'une multitude d'anonymes et d'entremets afin de meubler les intermèdes. L'un d'eux, Fontenelle était un cerveau froid et méthodique. Claudine, lui montrant son coeur lui disait souvent: «c’est de la cervelle que vous avez là». Il sollicita un rescrit du pape qui la délivrait de tout lien religieux. Comme ce rescrit avait été octroyé sur la base de faits inexacts, il ne fut pas même publié et le pape eut le bon goût de fermer les yeux.
Bolingbroke n'était pas venu pour rien à Versailles. Nous étions en 1712. La guerre de succession d'Espagne avait lassé les belligérants. Le roi soleil après Denain, vivait son dernier éclat. Philippe V était bien assis sur le trône d'Espagne. Ne restait qu'à convaincre les Anglais. Notre Claudine s'en chargea de la manière qui lui était la plus familière. Bolingbroke fit plus de confidences sur l'oreiller qu'il n'aurait du. On le lui accorda donc que l'indispensable. Claudine avait bien travaillé pour la paix du monde.


Bien en cour, Claudine s'intéressa à la carrière de son frère qui possédait fort heureusement les défauts nécessaires pour réussir. Le Régent et le cardinal Dubois, qui appréciaient autant sa soeur que le repos du guerrier, furent très vite d'accord sur le fait qu'ils trouveraient en lui un chaud partisan de la bulle Unigenitus. Ils avaient raison. Claudine était une telle passionnée et avait mis tant d'ardeur à défendre la bulle que le gouvernement, qui n'en demandait pas tant, lui intima l'ordre de s'éloigner un certain temps à Orléans de peur que son action n'aggrave encore les esprits déjà bien assez échauffés.

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Elle s'intéressa comme son frère au système de Law et tout autant à son promoteur dont elle devint tout naturellement la maîtresse et le présenta au Régent. Les deux amants de Claudine avaient tout pour s'entendre et devinrent les meilleurs amis du monde. Avec l'appui du Régent, Law put mettre ses idées en pratique, probant la supériorité du papier-monnaie et soutirant de l’État les trois quarts de son capital. Il en était arrivé à maîtriser tout le commerce extérieur tant la fuite en avant lui était devenue indispensable pour camoufler la manque de résultats qu'il avait réellement obtenus. Il avait payé 40% de dividendes en 1719, encouragé une énorme spéculation et même fait proscrire les paiements en or. Il se convertira à l'église romaine pour obtenir davantage du soutien de l’État et on sait que le frère de Claudine lui administra le baptême.
Mais Law avait été beaucoup trop loin. Il était même parvenu à faire interdire la possession d'or. Ses ennemis réalisèrent tout d'un coup leurs actions en février 1720 provoquant une panique boursière entièrement nouvelle. Bien renseignée sur les variations de la Bourse et les dessous de la politique, la famille Guérin ne perdit rien de sa fortune quand le système fit banqueroute.



La galanterie allait tout naturellement avec l'intrigue. Des conversations prolongées avec le chevalier Destouches , en 1717, elle accoucha d'un fils qu'elle fit exposer sur les marches de Saint-Jean le Rond, un baptistère accolé à la façade de Notre-Dame de Paris. Revenu de mission à l'étranger, Destouches, qui avait davantage de fibre paternelle, fit rechercher l'enfant, le fit élever chez une brave vitrière et lui légua en mourant une pension annuelle de 1200 livres. Le hasard fit qu'il s'agissait du futur d'Alembert, qui refusa toujours de voir sa mère. On le comprend.
Un de ses autres amants, La Fresnaye, conseiller au Grand Conseil du roi, su tua un jour chez elle d'un coup de pistolet après s'être plaint qu'elle l'ait conduit à la ruine, mais on avait présenté ce suicide comme un meurtre. Claudine fut conduite au Châtelet, puis à la Bastille le 22 avril 1726, mais relaxée trois mois plus tard après que son innocence ait été reconnue.

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Cette incarcération eut sur elle une influence salutaire qui lui fit considérer l'existence sous un jour entièrement nouveau. Autant jusqu'ici elle avait été légère, futile et tapageuse, autant elle devint tranquille, régulière et savante. Claudine se lança dans l'étude des lettres avec la même passion qu'elle avait mise auparavant dans ses amours. Elle ouvrit l'un des plus célèbres salons littéraires de Paris et se plut à rassembler chez elle la fine fleur des écrivains et des savants. Les plus assidus étaient Fontenelle, Duclos, l'abbé Prévôt, Marmontel, Piron, Malvy, Marivaux, Helvétius et Montesquieu. Quand ce dernier fit éditer son , elle en acheta un grand nombre d'exemplaires pour les distribuer entre ses amis et lancer cet ouvrage immortel.

Elle mourut à Paris le 4 septembre 1749, âgée de 68 ans. Son caractère, ses sentiments et ses passions ressortent de son chef d'oeuvre édité en 1735: le dans lequel elle dépeint l'amour luttant contre les obstacles de la vertu, un combat qu'elle avait toujours mené victorieusement au cours de sa vie sentimentale bien remplie. Elle écrivit le «Comte de Comminges» en 1739 à la suite d'un pari voulant démontrer qu'un roman pouvait fort bien débuter par la fin de l'intrigue. Ses «Malheurs de l’amour» parurent en 1747. Elle avait commencé les «Anecdotes de la cour et du régime d’Édouard II, roi d’Angleterre» Précisons que le personnage était surtout porté sur les garçons, et qu’il mourut comme il avait vécu, une épée enfoncée entre les fesses. Cette oeuvre n'était pas terminée lorsqu'elle mourut. Ce fut Anne-Louise Morin Dumesnil qui l'acheva et la fit éditer en 1776.

BIBLIOGRAPHIE: Ch. de Coynart: «Les Guérin du Tencin» Paris 1910 p. 9-10, 17-18, 23-53, et 61-66 - A. Rochas: «Biographies du Dauphiné» Paris 1856-60 en 2 volumes.



FIN DE CHAPITRE



Date de création : 16/07/2007 @ 18:29
Dernière modification : 19/02/2013 @ 14:09
Catégorie : Histoire des Guérin
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