Généalogie et autres sciences (1)
Dans le précédent numéro de "Galaxie Guérin", Jean-Marcel nous a communiqué toute une série d'adresses Internet consacrées à la généalogie. En effet, une association de cousinage comme la nôtre, dédiée à un patronyme, doit présenter un intérêt fort à l'égard de la généalogie car tout individu désire passionnément connaître d'où il vient. Cependant il ne faut pas oublier que la généalogie est aussi une science à part entière, celle de l'histoire des origines et du développement des individus groupés en familles. A ce titre elle est aussi la science auxiliaire de nombreuses autres sciences et c'est cet aspect que je souhaiterais développer.
Le rôle de la généalogie est important en Histoire, non seulement par l'établissement des origines des familles régnantes et des grandes familles qui leur sont apparentées ou non, mais aussi pour expliquer certains événements. Ainsi comment comprendre l'histoire du Moyen-Âge et en particulier les origines de la guerre de Cent Ans sans la connaissance généalogique des différents protagonistes et de leur droit à la couronne. De même les deux plus grands généraux de Louis XIV, Condé et Turenne, se sont trouvés très souvent impliqués (unis ou opposés) lors des événements du XVII° siècle et tout spécialement lors de la Fronde ; or ils étaient cousins issus de germains et leur arrière-grand-père commun était le connétable Anne de Montmorency, conseiller de Henri II et l'un des plus grands chefs de guerre du XVI° siècle. Certains historiens suggèrent que si Louis XVI n'a rien compris aux réactions du peuple français lors des événements de la Révolution et s'il a été tant soumis aux conseils de la reine Marie-Antoinette, c'est peut-être qu'il était peu Français par ses origines. En effet, sur 64 trisaïeuls, on en trouve 34 d'origine germanique, 16 d'origine polonaise et seulement 8 qui sont Français. En outre la malchance le poursuivait par ses ancêtres puisqu'il descendait deux fois de Marie Stuart décapitée sous le règne d'Élisabeth 1 ère, une fois de Charles 1er décapité sur ordre de Cromwell et une fois de Christian II de Danemark qui termina ses jours en prison où son peuple l'avait mis.
En sociologie, la généalogie met en évidence le formidable brassage des couches sociales. Ainsi de nombreuses familles royales descendent de Murat, roi de Naples, dont le père était cafetier. Inversement chacun d'entre nous peut se prévaloir d'une ascendance de haut rang social. Quelqu'un né en 2000 est séparé de ses ancêtres du temps de Philippe-Auguste (qui régna de 1180 à 1223) par environ 800 ans, soit 24 générations (on compte 3 générations en moyenne par siècle) ; il doit avoir à cette époque 16 777 216 ancêtres (224), c'est-à-dire un chiffre très supérieur à la population de la France d'alors. Évidemment il en a bien moins car il y a eu de nombreux mariages entre cousins, souvent à des degrés très éloignés. Nous pouvons descendre plusieurs fois d'un même couple : c'est ce que l'on appelle "l'implexe des ancêtres". Cependant les spécialistes estiment que pratiquement un Français sur dix descend de Saint Louis et que neuf sur dix descendent de Charlemagne. «Nous descendons tous d'un larron et d'un roi» et ce qui fait la différence avec les grandes familles c'est que les proportions sont différentes !
Dans de prochains articles je présenterai les implications de la généalogie avec deux autres sciences que sont la génétique et la médecine.
René GUERIN